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LIBERATION 3 MARS 2015


A Montreuil, le cinéma Le Méliès blanchi

Camille GÉVAUDANL'entrée du cinéma Le Méliès à Montreuil, en février 2008.
L'entrée du cinéma Le Méliès à Montreuil, en février 2008. (Photo Pierre Verdy/AFP)




CINÉMA

L'affaire se conclut par un non-lieu pour ce cinéma municipal, accusé en 2012 de détournement de fonds publics par l'ex-maire Dominique Voynet.

Dominique Voynet aura tout tenté pour nuire au Méliès, le cinéma municipal de Montreuil (Seine-Saint-Denis), ville qu’elle a dirigée entre 2008 et 2014. Et elle aura tout perdu, puisque le tribunal de grande instance de Bobigny a rendu la semaine dernière une ordonnance de non-lieu dans «l’affaire» du Méliès. Pas de détournements de fonds publics, pas de faux et usages de faux : aucun des chefs d’accusation n’a été retenu.
Le conflit date de fin 2012, lorsque l’alors maire Dominique Voynet (Europe Ecologie-les Verts) porte plainte pour «détournement de fonds publics» au cinéma municipal, déclenchant l’ouverture d’une enquête administrative. Le personnel de la salle est accusé des pires maux : faux frais au festival de Cannes, achat de drogue pour les réalisateurs invités, «harcèlement moral» sur un agent municipal, «favoritisme» dans l’attribution du nouvel équipement numérique, alimentation d’une «caisse noire» avec les séances scolaires… Voynet évoque même quelques «sacs de billets dans un placard pour un total de 1 800 euros»

Une guerre médiatique

Profitant que ces soupçons de fautes graves planent sur l’équipe, la mairie a remercié quatre employés du cinéma, dont son directeur artistique, Stéphane Goudet, en poste depuis 2002. Beaucoup d’observateurs ont vu un lien avec la volonté proclamée de Dominique Voynet de «déstaliniser» une ville dirigée vingt-quatre ans durant par le communiste Jean-Pierre Brard, et de faire le ménage à tous les étages pour y installer son propre clan.
La guerre a continué dans les médias : d’un côté, les associations de spectateurs du Méliès et des cinéastes de renom affichaient leur soutien à l’équipe du cinéma, de l’autre, Voynet répondait par une tribune dans Libé… Le caractère politique de l’affaire du Méliès n’a pas échappé au tribunal. L’ordonnance du juge estime que ce conflit «s’est déroulé sur fond d’élections politiques d’ampleur médiatique certaine, qui ont pu motiver et précipiter un recours» à la justice par les élus verts.
Depuis, trois des salariés qui le souhaitaient (le directeur artistique, la programmatrice jeune public et la comptable) ont été réintégrés par le nouveau maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac, élu en 2014. A l’époque de la campagne pour l’élection municipale, la réhabilitation du personnel du Méliès figurait d’ailleurs dans les promesses de tous les candidats au deuxième tour.

Un déménagement à l’automne

Le nouveau maire de Montreuil se félicite du non-lieu prononcé la semaine dernière : «C’est désormais en toute sérénité que les équipes […] vont pouvoir se consacrer […] à mieux exposer les films, mieux accueillir les spectateurs, rencontrer toujours plus de nouveaux publics, organiser toujours plus de débats, de rencontres et de temps de partage et de convivialité». A l’automne, le Méliès déménagera dans le nouveau quartier de la mairie. Il comptera 6 salles et se vantera ainsi de devenir «le plus grand cinéma art et essai d’Europe».
Dominique Voynet reste seule sur les bancs du tribunal, accusée de diffamation par les employés du Méliès. Le procès commencera fin septembre.
Camille GÉVAUDAN

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