Télérama.fr Mardi 25 Juin 2013


Méli-mélo au cinéma Georges-Méliès de Montreuil, suite : le CNC rend son rapport

ACTUALITÉ | La mairie de Montreuil rend public un rapport du CNC, qui note des irrégularités dans la gestion mais ne confirme pas les détournements de fonds.
Le  -
Juliette Bénabent
 le cinéma municipal de Montreuil Le Méliès....
le cinéma municipal de Montreuil Le Méliès. © Duffe Julien/MAXPPP
Aujourd'hui, mardi 25 juin 2013, la maire de Montreuil Dominique Voynet rendra public le rapport de l'inspection du cinéma municipal Georges-Méliès que lui a adressé, le 12 juin dernier, le directeur du CNC, Eric Garandeau. Le CNC avait engagé une enquête au début de l'année, après avoir appris, par la presse, des irrégularités comptables reprochées par la mairie à l'équipe du cinéma.
Rappel des faits, lorsqu'une nouvelle directrice administrative a pris ses fonctions au Méliès, fin 2012, elle a signalé à la mairie une billetterie parallèle, non déclarée, portant sur des séances non commerciales. Le conflit ancien entre Dominique Voynet et l'équipe du cinéma, menée par son directeur artistique Stéphane Goudet, historiquement proche de l'ancien maire Jean-Pierre Brard (battu par Dominique Voynet en 2008), s'est aussitôt ravivé et le ton a grimpé.
Il était question d'argent liquide dans une armoire, de recettes occultes, de taxe non reversée, Mme Voynet parlait de « caisse noire » et portait plainte pour «détournement »... Très vite, elle a pris de lourdes sanctions, suspendant sans salaire le directeur artistique (licencié depuis) ainsi que les deux régisseuses. Aux journalistes, dont Télérama, elle racontait même avoir entendu qu'une partie de cet argent public avait servi à payer la drogue d'un réalisateur à Cannes... Depuis, ces allégations ont disparu, comme celles d'enrichissement personnel de la part des agents du cinéma.
Reste aujourd'hui que plusieurs dizaines de séances – quarante-six entre 2010 et 2012 selon le CNC – n'ont pas respecté le code du cinéma et de l'image animé, et présentent des irrégularités « passibles de sanctions administratives prévues à l'article L 422-1 », qui vont de l'avertissement à la fermeture du cinéma pour un an, et jusqu'à l'interdiction d'exercer des fonctions de direction. Le CNC note aussi, dans son rapport, que l'absence de documents conservés empêche de prouver que les recettes parallèles ont été, comme l'a toujours dit l'équipe du Méliès, reversées dans la comptabilité officielle.

Mobilisation

Ravie, la mairie de Montreuil estime sans nuance que ce rapport confirme ses analyses et légitime les sanctions prises. « Nous n'avons rien inventé, les irrégularités sont avérées et il est de notre responsabilité, en tant que tutelle, d'y remédier », dit-on dans l'entourage de Dominique Voynet. Le CNC confirme en effet les irrégularités mais parle de seulement quarante-six séances illégales, n'évoque aucun détournement de fonds, ni n'évalue le montant du manque à gagner pour la Ville – qui l'estime, elle, toujours à 140 000 euros minimum. Un chiffre jugé totalement fantaisiste par les associations de soutien au Méliès, comme Renc'art au Méliès et le Collectif indépendant des spectateurs du Méliès, dont la mobilisation ne faiblit pas depuis six mois.
Après quarante-six jours de grève entre janvier et mars 2013, des manifestations presque chaque semaine, de nombreuses tribunes dans la presse, ces soutiens soulignent aujourd'hui que le cinéma a connu une baisse de fréquentation au premier trimestre (baisse de 15% selon la mairie, sans compter les jours de grève). La mairie, elle, attribue cette baisse aux « nombreuses actions de sabotage », alors que de nombreux Montreuillois sont impliqués dans la défense de leur cinéma. Et si les débats et animations, jadis très dynamiques au Méliès, sont devenus très pauvres, ce serait parce que « des réalisateurs ont subi des pressions pour ne pas y intervenir. »
Avec une fausse innocence – c'est elle qui rend public le rapport et appelle la presse –, la mairie assure vouloir « sortir de la polémique » avant l'ouverture du nouveau Méliès agrandi, en juin 2014, pour lequel un « projet culturel » sera élaboré à l'automne entre les acteurs culturels et la Ville. Stéphane Goudet, lui, a attaqué son licenciement devant le tribunal administratif (tout comme les régisseuses ont contesté leur suspension) et prépare probablement sa contre-offensive.

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